La ligne Maginot est une ligne de fortifications et de défense positionnée le long des frontières de la Belgique, du Luxembourg, de l'Allemagne et de l'Italie. Sa réalisation date de l'entre-deux-guerres et de la «drôle de guerre» pour certaines fortifications légères.
Bien souvent considérée comme la raison de la défaite française en juin 1940, la ligne Maginot porte encore beaucoup trop aujourd'hui l'image de bouc émissaire, jugé inutile et trop coûteuse.
Certes, la Seconde Guerre mondiale n'était plus une guerre de position comme le fût la Première, mais cette fortification a bel et bien rempli son rôle.
Les stigmates laissées par la Première Guerre mondiale poussent les hommes politiques à chercher à éviter une nouvelle fois ce désastre pour que cette guerre soit la "der des ders". Il faut protéger notre pays qui n'a jamais vraiment été un envahisseur, une fortification à la frontière de l'Allemagne qui nous a souvent envahi, en 1914, 1870, ... Il était dès lors légitime de penser encore à une fortification quelques années après la fin d'une guerre qui fût essentiellement une guerre de position. Certains diront que c'était une erreur de penser que les Allemands recommenceraient, mais ce fut justement le cas. Or l'un des buts de la ligne Maginot était bien de dissuader l'ennemi d'attaquer directement la France : il s'agissait de forcer les Allemands à passer par la Belgique ou la Suisse. Mais cette fortification bourrée de technologies innovantes pour l'époque, bien organisée, a permis aussi d'économiser les forces humaines, alors que la France connaissait un creux démographique dans les années 1930. La finalité recherchée était de retarder une attaque brusquée ("blitzkrieg") pour permettre la mobilisation complète de l'armée.
Les études de construction d'une nouvelle fortification commencent sous la CDF (Commission de Défense des Frontières), créée en 1922. C'est le 30 septembre 1927, alors que Paul Painlevé était ministre de la guerre, un mois après la dissolution de la CDF, qu'est créée la CORF (Commission d'Organisation des Régions Fortifiées), qui lancera les constructions.
Le projet de construction de la Ligne lancé, les premiers travaux commencèrent en 1928 à la frontière ... italienne, car le gouvernement fasciste italien était plus menaçant que la république de Weimar. Une autre fausse idée trop répendue est que la Ligne Maginot ne se trouvait que dans le nord-est de la France. Or, presque la moitié de force de la ligne Maginot se trouve sur la frontière italienne. D'ailleurs, le 10 juin 1940, l'Italie déclare la guerre à la France et tente d'envahir le pays, mais la ligne Maginot est là, et les Italiens sont restés bloqués jusqu'à l'armistice du 25 juin. Pour les personnes pensant que la ligne Maginot était un mur infranchissable, sachez qu'elle a rempli ce rôle sur toute la frontière italienne.
La construction dans le nord commence en 1929 face à l'Allemagne et au Luxembourg. Le premier gros crédit destiné à la construction est débloqué le 14 janvier 1930, grâce au discours d'André Maginot, ministre de la guerre et successeur de Paul Painlevé. C'est par ce vote des crédits sous son ministère que le nom de Maginot sera donné à la ligne fortifié. En 1934, la construction s'étend sur la frontière de la Belgique. La CORF est dissoute en 1935, la construction est alors reprise par les STG (Services Techniques du Génie) et la MOM (Main d'Oeuvre Militaire) jusqu'aux premiers combats de 1940. Ces dernières constructions étaient complètement différentes. Bien plus légères, elles consistent en quelques milliers de petits blocs destinés à renforcer les intervalles de la ligne Maginot.
Durant l'occupation, certains ouvrages, sur les 53 du Nord-Est, étaient utilisés par les Allemands comme entrepôts ou usines. Certains même ont été utilisés pour ralentir l'avancée alliée en 1944. C'est depuis ce temps que la ligne Maginot est à défaut, aux yeux de tous les français une erreur stratégique du gouvernement.
Après guerre, la Ligne n'est pas abandonnée. Elle servira notamment dans le cadre de l'OTAN, face à la menace soviétique. Dès 1961, les ouvrages sont peu à peu abandonnés jusqu'en 1966, date du retrait de la France de l'OTAN. La plupart des ouvrages est alors délaissée. C'est à partir des années 1970 que les pillages débutent, réalisés par les curieux, les collectionneurs et autres ferrailleurs. Plus tard, l'Armée a commencé à vendre les terrains avec les ouvrages, aux communes ou aux privés. Sont alors nées les premières associations destinées à faire visiter les ouvrages remis en état : leur rôle est la préservation de ce patrimoine et de sa vérité historique.